Antoine Schneider (1932-1939)

Antoine Schneider nous a quittés le 22 décembre 2008, il aurait eu 86 ans fin janvier 2009. Avec lui disparaît un€ des plus grandes personnalités de l’api­culture alsacienne. Il était le ferment et la dynamique de l’apiculture moderne alsacienne de cette seconde moitié du XXe siècle. Travailleur infatigable, grand vulgarisateur de l’apiculture, inventif et génial, sa réputation accompagnée de respect qu’il imposait dépassait de très loin les frontières de notre région, non seulement sur le continent européen mais encore en de nombreux lieux et pays de notre globe.
Antoine Schneider aura été celui qui a le mieux su donner le caractère de l’api­culture alsacienne de la seconde moitié du XXe siècle. II est à la fois l’empreinte de l’histoire de l’apiculture d’après-guerre et le grand timonier qui savait donner orientation à la cause apicole dans une Europe qui se construit. Il aura su fédérer au travers de ses compétences, de sa sagesse, de sa bonhomie, de sa franche amitié, de sa rigueur ainsi que de son abnégation les personnes de tout horizon, de toutes conditions et de toute nation.
 
L’œuvre et le bilan qu’il nous lègue sont d’une valeur inestimable non seulement en capital de moyens accumulés mais encore en cette leçon sans égal de ce en quoi l’homme doit aspirer au travers de la modestie à rester droit devant ses responsabilités.
Antoine Schneider nous laisse l’image de cet homme qui était tout et partout à la fois. Il était le repaire, celui qui savait guider, conseiller, diriger tout un chacun vers des sommets qui étaient perfection, efficience et pragmatisme.
 
Antoine Schneider était cet infatigable pèlerin et grand voyageur qui de par­tout où il se trouvait s’inspirait, appre­nait, entendait, écoutait afin de mieux intercéder pour la cause de l’apiculture.
 
Pour Antoine Schneider, l’apiculture alsacienne était le fondement. qui défi­nissait le levier d’action au travers des instances nationales alliées aux organes et organismes européens.
 
Son vécu au cours de sa jeunesse, principalement au cours du conflit de la Seconde Guerre mondiale, lui fera découvrir à la fois des expériences et
des cultures de tout horizon qui auront forgé le creuset de ses engagements pour la cause collective. Ce fait légi­time pour orienter son action vers les horizons internationaux où il a tissé de partout des relations très étroites avec les apiculteurs du monde entier. C’est ainsi qu’Antoine était cette articulation indispensable de l’ouverture d'esprit et de progrès auquel peut se flatter l’api­culture bas-rhinoise et alsacienne dans son ensemble.
 
Il était le vrai successeur et fils spirituel de cet autre habitant de Wissembourg, le pasteur Bastian. Pour s’en convain­cre il faut connaître le périple d’Antoine dans l’arène apicole alsacienne, euro­péenne et mondiale. Son impression­nant parcours en responsabilités, où il faut préciser entièrement désintéressé et bénévole, au niveau local, national, européen lui confère une stature d’un vertige impressionnant, il est présent dans de nombreux coins du globe, par­tout sa stature, ses connaissances, son affabilité, sa modestie et sa sagesse impressionnaient, en voici quelques traits.
 
Sa passion, l’activité apicole commence en 1951, année où il adhère au syndicat de Wissembourg. Rapidement il prend des responsabilités, il est secrétaire tré­sorier du syndicat en 1958. En 1970, les choses se précipitent, il prend en charge la fonction de président et au cours de la même année devient trésorier de la Fédération des Apiculteurs du Bas-Rhin.
Il sera la figure marquante de l’apicultu­re durant près de 30 années car ce n’est qu’en 1997 qu’il quitte la présidence du syndicat de Wissembourg.
 
En 1999, il transmet à son successeur la trésorerie fédérale où parti de rien il parvient à amasser des moyens finan­ciers importants pour la cause apicole. Dans le même espace de temps il est membre fondateur du GDSA en 1968 où il est immédiatement promu trésorier, charge qu’il exercera pendant 32 années, jusqu’en 1996. Il secondera son succes­seur comme trésorier-adjoint pendant 2 années encore.
 
Une fois de plus, il fait sensation car parti de rien il lèguera un important pactole de moyens en thésaurisation à ses successeurs.
 
Comme Antoine est un homme qui ani­me séances et cours d’apiculture, il est homme de communication et prend des responsabilités au sein de l’UFAM où on le retrouve administrateur, membre du comité de rédaction, entretient une chronique mensuelle sur la flore apicole mais encore des articles de consonnan­ces diverses.
 
Il accomplit dans cette instance, là en­core une longue période couvrant 31 années de 1969 à 2000. Pendant 5 an­nées, de 1991 à 1998, homme fédéra­teur oblige il est membre fondateur et administrateur de la confédération des apiculteurs d’Alsace.
 
Au niveau national, il est délégué de la Fédération du Bas-Rhin comme re­présentant à l’Union Nationale des Apiculteurs français. Malgré des charges et responsabilités importantes à tous niveaux, sur le plan local il ne chôme pas, il développe le syndicat du pasteur Bastian, il est le véritable promoteur du rucher école Saint-Ambroise.
 
Ses activités et responsabilités apico­les s’étendent également outre-Rhin, il est membre dans certains syndicats allemands et se trouve responsable des réunions et manifestations apicoles in­ternationales sous l’égide de M. Hauck, président de la Fédération Apicole de Rhénanie-Hesse-Palatinat.
 
Il est correspondant à la revue apicole allemande A.D.I.Z. particulièrement sur la flore apicole. Il est également corres­pondant du « Deutsche Imker Journal».
 
De pair, IL organise des voyages d’étude et de découverte de l’apiculture non
seulement dans la France entière mais encore dans le monde entier, qu’on en juge: 1976, Pologne; 1978, Hongrie et Autriche;1979, Grèce (Apimondia); 1980, Suède et Norvège; 1982, Suisse et Allemagne; 1984, Angleterre et Irlande; 1987, Pologne (Apimondia); 1988, Israël et Portugal; 1989 URSS et Brésil; 1990 Egypte et Allemagne; 1991, Tyrol du Sud; 1992, Canada; 1995, Suisse (Apimondia).
 
Pour honorer ses mérites, les distinctions sont à la hauteur de l’homme qu’il a été, une fois de plus le vertige vous gagne: 1972, Abeille d’argent; 1976, Abeille d’or; 1976, Chevalier du Mérite Agricole, la même année il perçoit une distinction allemande, la « Ehrennadel in Gold (épingle d’or)» du D.I.B. (Fédération Nationale des Apiculteurs Allemands); 1977, la Pologne lui attri­bue le mérite national Dzierzon; 1978, autre distinction allemande la médaille d’argent Johannes Mehring et encore une autre distinction en Allemag.ne, la «Ehrennadel in Gold du syndicat api­cole du Münstertal» ; 1980, il obtient le Mérite National Luxembourgeois en or, en 1980 toujours il lui est attribué la «Ehrennadel de la Fédération du pays de Bade»; 1986, il est promu au rang d’Officier du Mérite Agricole.
 
Pour les apiculteurs alsaciens, ceux du Bas-Rhin en particulier, le départ de Antoine Schneider est une lourde perte, nous ne pouvons que nous incliner de­vant tout ce qu’il a été et fait pour l’api­culture et ce à tous les niveaux.
 
Son œuvre tellement grande restera un fait marquant pour notre apiculture ré­gionale. Il restera pour l’entière apicul­ture alsacienne ce phare qui nous repère et nous guide dans nos actions futures.
 
Adieu Antoine, à présent après une vie bien remplie et féconde repose en paix. L’ensemble des apiculteurs adresse à son épouse, à ses enfants, à sa famille et ses proches l’expression de ses très sincères condoléances attristées et émues .
 
Texte rédigé par M. Charles Huck, et qui a été lu à l’office funèbre de M. Antoine Schneider, lors de l’enterrement du 27 décembre 2008 à l’église de Altenstadt. Pour ce qui a été le périple de M. Antoine Schneider, j’étais souvent en contact avec lui, que ce soit par téléphone, ou par écrit et un jour de juillet 2008, il m’a fait parvenir un courrier où il a mentionné textuellement:
«Voyant le temps s ‘avancer, je me suis décidé de brosser ce court mémoire qui vous fera certainement plaisir, et que vous n y verrez, j’en suis sûr, aucune idée d’extravagance. Vous trouverez son insertion dans vos archives~>.
Pour ce que j’ai connu de notre ami, je n’ai pas besoin de vérifier ses dires, je sais que ça a été un grand homme dans l’apiculture, comme ailleurs, et généreux et serviable. Mes condoléances à sa famille. Antoine, là où tu es, repose en paix.
Le Président de la Fédération
Jean-Marie Mourer