Scolarité entre 1923 et 1925

Corps enseignant.
Dans le personnel professoral, il n’y a eu que, de légères modifications; aussi retrouvera-t-on dans la liste qui va suivre, à peu d’exceptions près, les noms que cite l’annuaire de 1923.
I.          Administration:
Fr. Félix, Directeur; Fr. Julien, Econome.
            Fr. Morand.
II. Maîtres attitrés et suppléants:
                         F. F. Achille, Adrien, Ambroise, Anselme, Antonin,
                              Bernard, Ernest, Etienne, Fabien, Fulrade, Gérard,
                              Lambert, Léandre, Paul, Rupert, Théodore, Théo­phile, Victorin.
III.       Musique: Piano: F. F. Germain. Théophile.
                            Fanfare: F. Morand.
                            Violon: F. F. Dominique, Victorin.
Nos vétérans bien connus — Fr. Casimir (toujours au collège), F. F. Alfred, Cassien, Lucien, Ulrich (à EhI) — sont encore en vie; le Frère Louis et le Frère Amand sont morts~ comme on le lira plus loin. Le cher Frère Casimir — bien qu’il ait fait une chute qui aurait pu être fatale à plus jeune que lui porte encore vaillamment ses 89 ans. Tous, en défaut de collaboration maté­rielle, nous apportent le concours inappréciable de leurs prières et de leurs souffrances.
 
Élèves. Comme par le passé, il était-impossible de donner suite à toutes les demandes d’admission; nos registres continuent d’accuser une population de 380 élèves (dont une trentaine d’ex­ternes), répartis en 12 classes.
Il va de soi que la plupart de nos élèves sont originaires d’Alsace et de Lorraine. Si la dernière continue toujours à fournir un contingent important de nos effectifs, l’action des Anciens de la Moselle n’y est certes pas étrangère. Nos départements limi­trophes, voire la lointaine capitale n’ont jamais cessé d’être repré­sentés dans nos rangs. La curiosité écolière trouva même à admirer des hôtes plus rares: un Chinois et deux Italiens. Inutile de dépeindre l’empressement que grands et petits mirent, à leur arrivée, à les voir et à prêter l’oreille aux sons inaccoutumés d’une langue étrangère: ce ne serait rien dire de nouveau aux Anciens qui, avant la guerre, ont connu dans leurs rangs des Russes, des italiens, des Américains. Depuis deux ans, on a également admis une quinzaine d’élèves originaires du territoire de la Sarre, pour la plupart des Sarrebruckois, désireux d’apprendre le français. Cela fait, vous le constatez vous-mêmes, une belle «Société des Nations».
 
Études. «L’école, dit le dernier Annuaire, suit le nouveau programme de l’Ecole primaire supérieure». Pour beaucoup d’An­ciens, cette indication devait, forcément, être un peu sommaire. Un petit résumé du programme en question est peut-être désirable.
 
Enseignement littéraire.
 
A)        Lecture d’oeuvres littéraires.
            1ère année                 2e année                                3e année
Corneille: Horace                     Corneille: Cid                          Racine: Athalie
Racine: Esther                          Molière: Bourgeois                  Molière: L’Avare
La Fontaine: Fables                 Gentilhomme                           Mme deSévigné:Lettres
Hugo: Aymerillot                      La Fontaine: Fables                 La Bruyère: Caractères
Daudet:Lettres de mon             G. Sand: La mare au                Chateaubriand: Martyrs
            moulin                          diable                                      Hugo               Poésies
Michelet:Jeanne d’Arc             Lamartine         choisies
 
B)        Histoire (Hist. de France et notions d’histoire générale)
            1ère année                 2e année                                3e année
Du début du 16e siècle             1774—1851                           1851-1920 (Histoire générale plus développée)
            jusqu’en 1774.
C)        Géographie.
            1ère année     .           2e année                                3e année
Asie, Océanie, Afrique,            Europe                                    La France et ses colonies
            Amérique                     (sans la France)          
 
D)        Allemand
Si l’acquisition de la langue française passe naturellement au premier plan de nos préoccupations, nous ne négligeons pas pour cela la langue allemande, langue maternelle de la plupart de nos élèves, langue indispensable dans nos régions bilingues. Grâce aux efforts réunis de toutes les classes, cet enseignement a pu trouver son couronnement dans la lecture de «Wilhelm Tell», cette pièce favorite des jeunes coeurs
épris de justice et de liberté. 
 
Enseignement scientifique
A)        Arithmétique
1ère année                                                                2e année
Numération Opérations fondamentales -                     Carré et racine carrée — Cube et racine cubique
Propriétés des nombres- Nombres                           Nombres complexes— Rapports et proportions ­premiers -
Fractions ordinaires et décimales                             Grandeurs propor­tionnelles— Règle de trois.
Système métrique.       
3e année
Intérêts — Partages — Mélanges — Alliages.
B)        Algèbre
1ère année                                                                2e année
Notions élémentaires du calcul algébrique                    Equation du premier degré à plusieurs inconnues.
Résolution de l’équation du premier degré;                   Equation du 2e degré
son interprétation ­graphique, étude                              Etudes des fonctions y = x2 et y = a x2
et représentation graphique de la fonction
y=a x + b.
 
3e année
Etude des fonctions ; leur représentation graphique, application de la loi de Mariotte — Principales propriétés des progres­sions arithmétiques et des progressions géométriques et applications —Logarithmes et usage des tables à 5 décimales.
C)        Géométrie
1ère année                                        2e année                                 3e année :
Géométrie plane, étude des lignes    Longueurs proportionnelles            Géométrie de l’espace,
angles et figures planes                    Triangles semblables -                  Prismes - Pyramides. –
        Relations métriques -                   Corps ronds.
   Lignes trigo­nométriques et
    usage des tables - Les aires.
D)        Physique
1ère année                                          2e année                                   3e année
Chaleur - Pesanteur et                         Statique des gaz - Production     Le son - Les aimants -.
hydrostatique                                       et force élastique                      Le courant électrique
des vapeurs - Lumière               Électricité.
E)        Chimie
1ère année                                        2e année                                3eannée
Les métalloïdes                                    Les métaux                              Les matières organi­ques
F)        Sciences naturelles
1ère année                                        2e année                                3e année
Principales notions de géologie             Géologie: Phénomènes             Géologie appliquée - Anatomie
Les roches -                                        actuels - Histoire de la Terre      et physiologie animales et
Botaniques : Etudes des                       Zoologie : Classification           végétales
            familles.                                   des animaux.                .           Hygiène: L’eau, l’air,
                                                                                                                                                                                           les aliments – Les maladies
-                                                                                                                                                                                          contagieuses - Vaccination.
 
Examens. — Les élèves justifiant d’une scolarité assez pro­longée ont été présentés à trois examens. Ont été reçus pendant les années 1923, 1924, 1925:
au Certificat d’Etudes primaires                                               280 élèves
au Certificat d’Etudes prim. complémentaires                           77 élèves
au Brevet élémentaire                                                              9 élèves.
 
Vie religieuse. — On n’insistera jamais trop sur l’importance de la vie religieuse dans nos maisons d’éducation chrétienne. Loin d’être incompatible avec le souci des études, elle est la source in­tarissable des belles énergies, de l’entrain et de l’ardeur qui font le bonheur des maîtres et des parents. C’est elle, plus que l’en­seignement doctrinal — indispensable certes, mais infructueux le plus souvent s’il n’est pas vivifié par la pratique — qui crée les convictions solides qui décident de toute une vie, convictions com­bien nécessaires à la jeunesse contemporaine, point de mire et enjeu de toutes les batailles d’âmes, jeunesse travaillée de mille maux; guettée partout par l’ennemi, trahie par la société et parfois —hélas! — par la famille elle-même. Aussi ce que nous désirons le plus vivement, c’est que le passage à St. Joseph devienne pour chaque élève une expérience religieuse, c’est que son coeur y puise pour toujours la joie du. Credo catholique, qu’il y apprenne à con­naître et à aimer son Dieu, un Dieu personnel — point vague —, un Dieu qui s’appelle Jésus et qui par amour pour nous a voulu devenir Jésus-Hostie.
C’est là la raison du soin religieux qu’on. met. à rendre aussi impressionnantes que possible les solennités échelonnées à travers toute l’année scolaire.
Ce fut d’abord, au commencement de chaque année, pour toute la maison un événement religieux de premier ordre que la retraite des élèves, d’autant plus que, dans les années 1923, 24, 25, elle fut prêchée pas ces religieux et prédicateurs éminents que sont:
le Rév. Père Helmer (P. Oblat) — en 1923
le Rév. Père Camille. (P. Capucin) — en 1924
le Rév. Père Wach (P. du St. Esprit) en 1925.
Il n’y a guère de jours qui réservent plus de joies intimes à nos coeurs que ces moments de grâces où Dieu attire à Lui les âmes enfantines pour les approcher de ce foyer d’amour, de force et de lumière qu’est son coeur sacré. Il y a plaisir à voir les yeux attachés aux lèvres d’un prédicateur qui sait captiver son auditoire par sa parole tout empreinte d’onction apostolique et par l’amour surabondant de son coeur de prêtre. C’est un spectacle à ravir le ciel et la terre qu’offre, à la fin des saints exercices, cette belle phalange de jeunes gens renouvelant les voeux de baptême, jurant fidélité au Christ et à son Eglise avec un enthousiasme que Dieu seul peut inspirer. Qu’il fait bon à un coeur d’enfant d’avoir vécu ces moments d’émotions profondes et de joies divines! Qu’il est doux à un coeur de maître d’être témoin du souffle de Dieu, de l’action de la grâce dans les coeurs de ses protégés. « Confirma hoc Deus », voilà la prière qui monte sur toutes les lèvres.
Dieu est prêt à continuer son oeuvre, c’est le grand désir de son coeur sacré, du coeur eucharistique de Jésus qui a bien voulu élever son trône au milieu de cette belle jeunesse. Lui, le grand éducateur, façonne les âmes à son image, ces âmes d’enfants que chaque jour il convie au divin banquet. Heureuse jeunesse qui se presse de plus en plus nombreuse à la sainte table, les Anciens t’envient ton bonheur! Heureuse maison où la vie se fait de plus en plus eucharistique, tu deviens davantage la mai­son de St. Joseph! Ah! n’est-ce pas pour l’abandonner à ces coeurs généreux que l’illustre Patron leur montre, dans un geste de ten­dresse paternelle, le divin ami des enfants qui étend ses petits bras vers le lis symbolique!
Pour renouveler les grâces de la retraite, pour raviver la fer­veur première et soutenir la nature défaillante, le Coeur de Jésus répète son appel d’amour d’une manière solennelle au commen­cement de chaque mois, pour inviter ses «Tarcisius» à se retremper.. à la «Fons vitae et sanctitatis». Et à l’aube de chaque «premier vendredi», une longue et édifiante lignée de communiants s’acheminent vers la sainte table et, le soir, pendant une demi-heure d’adoration devant le Très Saint-Sacrement exposé, grands et petits répètent leurs protestations d’amour et de fidélité.
N’est-ce pas là la meilleure préparation à la grande journée de la première communion solennelle que nous ramène, chaque année, le mois de St. Joseph? 49 élèves en 1923, 44 en. 1924 et 43 en 1925 avaient le bonheur de conclure avec le divin Maître, dans leur rencontre solennelle avec Jésus-Hostie, ce pacte des coeurs qui, seul, sait assurer l’intime bonheur auquel aspire toute créature, pacte bientôt renouvelé et consolidé par le saint sacrement de Confirmation que sa Grandeur Monseigneur Ruch a bien voulu conférer chaque année à la fin du mois de juin.
Ajoutez à tout cela, chers Anciens, ces belles d é vo t i o n s toujours en usage que sont celles du saint rosaire, de l’Immaculée Ccnception, du mois de saint Joseph, du mois de Marie, et celle
des 6 dimanches en l’honneur de St. Louis de Gonzague; placez-les dans le cycle des fêtes qui revêtent toujours une solennité si impressionnante grâce au dévouement de nos chantres et de leur chef infatigable, et vous aurez retrouvé .une atmosphère de foi et de dévotion que vous connaissez et aimez, dont vous estimez le prix et désirez la conservation au profit de la jeunesse contemporaine d’Alsace et de Lorraine qui ne demande qu’à marcher sur les traces de ses ancêtres.
 
Fêtes patriotiques et scolaires. — Quelle époque saurait mieux convenir que le mois de mai à célébrer avec l’héroïne nationale la Patrie immortelle, «ce pays de résurrection», comme dit René Bazin, qui toujours après la tourmente retrouve sa jeunesse, après l’hiver angoissant la splendeur du printemps où la vie s’affirme et confond les pronostiqueurs pessimistes de la veille! C’est vers elle, la noble France de la sainte de Domrémy que montèrent, à l’occasion de notre fête nationale, comme d’un seul coeur et d’une seule bouche, les vivats enthousiastes de nos pension­naires quand, à la tombée de la nuit, les fusées d’un magnifique feu d’artifice s’élançaient vers un ciel de printemps où les étoiles, dans leur plus beau sourire, envoyaient à la terre de France les saluts des saints qu’elle a produits. Oh! qu’elle est belle, la jeunesse d’Alsace, quand le bonheur de sa foi catholique s’unit à l’ardeur de ses sentiments patriotiques, pour se résumer en cette formule historique: «Vive le Christ qui aime les Francs! Vive la France qui aime le Christ!»
C’est quelques semaines après la rentrée que la St. Félix, fête du Fr. Directeur, vient faire oublier définitivement les déchire­ments de coeur d’une séparation parfois cruelle, toujours doulou­reuse et les ennuis inséparables de l’époque d’acclimatation, en apportant avec sa note de joie, un renfort de courage et d’énergie qui enfle les voiles de la petite barque de chacun pour le reste de la première traversée au bout de laquelle luit l’étoile de Noël.
Soirées théâtrales:  A la même. époque, la muse drama­tique commence à rechercher les disciples qui désirent affronter les feux de la rampe. Jouer un rôle - si mince fût-il - se faire applaudir en un, joli costume de page, de prince ou de berger, rêve innocent quelle tête de collégien n’aurais-tu pas hantée à l’approche de la plus, poétique des fêtes?. Et quand, après une longue attente, le rideau enfin se lève, c’est tout un monde nouveau qui, à travers les fictions des coulisses, apparaît à cette vagabonde imagination d’enfant qui jette sur tout ce qu’elle touche le reflet poétique de son rêve tout de couleur et de lumière. Aussi l’accueil le plus enthousiaste était-il chaque fois réservé aux pièces qu’aux environs de Noël, nos jeunes acteurs donnaient sur la scène avantageusement restaurée depuis l’agrandissement de la chapelle.
 
Soirées d’adieux: — Quelle volière pépiante que le collège, la veille du départ pour les vacances! Quelle exubérance de vie et de joie quand enfin le grand jour est arrivé, celui qu’appelaient depuis longtemps tous les voeux! L’âme en fête, on se réunit pour une charmante soirée qui se prolonge à la joie de ce petit monde qui n’a plus sommeil quand le mot magique de «vacances» est sur toutes les lèvres.
 
A Noël. — Cette soirée a toujours un caractère spécial, presque religieux et ne manque jamais de produire une impression profonde. C’est compréhensible. Qui saurait mieux goûter, le charme ineffable du mystère de la grande nuit qu’un coeur d’enfant, quel poète saurait. mieux sentir la poésie religieuse qui se dégage de l’arbre de Noël, ruisselant d’une lumière que ne: connaissent pas les autres jours, comme un reflet de cette divine splendeur qui émerveillait les bergers de Bethléem et que le regard d’un enfant innocent voit flotter autour de la crèche du Divin Enfant. Et quand apparaissent sur la scène, dans une féerie de lumière, les anges revêtus de leurs costumes éblouissants et lancent les notes tri­omphantes du grand message de paix, ce salut du Ciel à la terre entraîne irrésistiblement les imaginations et les coeurs dans des sphères plus hautes et plus pures. —Mais peut-on se figurer en Alsace une fête de Noël sans l’apparition du «Ruppels, du Hans­Trapp» qui, dans sa barbe de géant, son costume d’ermite et son bonnet de fourrure, avec son bissac et son grison - et malgré sa redoutable verge - déchaîne le fou rire parmi cette jeunesse qui toujours fait bon accueil à l’élément comique.
 
Mais la soirée d’adieux par excellence est celle qui précède l’exode pour les grandes vacances. Une trêve de 2 longs mois va retenir la majeure partie des élèves loin de leur collège, “les autres s’apprêtent à le quitter pour toujours. Moment solennel où malgré qu’on en ait, un brin de mélancolie se mêle à la joie qui remplit l’âme contente de voir achevée l’oeuvre d’une année de soucis et de labeurs. Moment solennel, plein de gravité, certes, quand à une centaine de jeunes gens - pour qui demain commence la vie! - le Fr. Directeur adresse les ultimes conseils, quand le choeur des chantres entonne l’air émouvant de la chanson d’adieux, quand maint musicien embouche pour la dernière fois son cher instrument pour lui confier tout ce que ressent en ce moment un coeur qui peut-être pour la première fois de sa vie se dit: Ce sera pour toujours! Mais je m’oublie: à 15 ans - Dieu merci! - ce n’est pas ‘encore le temps des «illusions perdues» et aux yeux des adolescents partant en vacances le soleil se lève pur et radieux pour éclairer un demain qui, éclipsera tout ce qu’à pu créer dans ses rêves une imagination de collégien en ‘route vers d’autres cieux!
Séances cinématographiques:  Désireuse de profiter de tous les progrès de la science moderne et convaincue de l’immense rôle que le cinéma est appelé à jouer - malheureusement souvent en faveur du mal! - la maison a fait, en 1925, l’acquisition. d’un grand poste cinématographique. Nous ne pouvons que nous en féliciter; car il apporte à plusieurs branches de l’enseignement la documentation et l’illustration la plus riche et la plus vivante et prépare à une jeunesse privée de maintes douceurs de la vie familiale - avec les films de la «Bonne Presse» - des soirées aussi agréables qu’instructives.
Illustrés pour enfants:  C’est une fête aussi pour les enfants - et périodique celle-là - que l’arrivée de leurs chers ilIustrés. Chaque semaine, les figures rayonnent de joie quand le Frère bibliothécaire apparaît avec les lourds paquets de jour­naux: «Pèlerin, Echo de Noël, Sanctuaire, Croix des Jeunes Gens, Jeunes d’Alsace». Qui, «naguère au seuil blanc des années», a senti vibrer son âme à la lecture des descriptions enchanteresses de mondes nouveaux, comprend aisément cette explosion de senti­ments. Oublier pour un moment l’inévitable monotonie de la vie de collège, s’embarquer avec de sympathiques héros pour des régions lointaines, suivre leur odyssée dans toutes ses péripéties, s’identifier à un héros favori, partager ses émotions et sa gloire, y a-t-il une récréation répondant mieux aux goûts d’un âge qui se passionne encore pour d’aimables fictions, les mirages et les rêves?
Mais les publications de la «Bonne Presse» veulent laisser plus que . le souvenir d’un moment agréable: elles sont de précieux ins­truments d’apostolat. L’enfant - qui volontiers demande à ses lectures une image de sa destinée future et des matériaux pour construire son idéal - puisera dans ces périodiques chrétiens des idées saines et justes, une compréhension plus large et plus profonde des choses et de lui-même, tandis que les promenades «A travers l’ac­tualité», «A travers le monde des nouvelles» l’initient peu à peu à la lecture des journaux politiques et préparent ainsi le citoyen de demain à l’accomplissement de ses devoirs civiques.
Excursions.  C’est pour tout élève une journée particulière­ment mémorable que celle de la grande promenade annuelle. Quitter le collège par une belle matinée de juin, parcourir la riante plaine d’Alsace en saluant au passage, qui son clocher natal, qui un bon parrain accouru à la gare, escalader une cime vosgienne pour con­templer dans sa ravissante beauté le cher pays qui nous vit naître, chanter librement en suivant les sentiers ombragés de nos futaies, ou siffler à bouche que veux-tu comme l’oiseau sur la branche: voilà de quoi tenter un âge toujours si pétulant et prompt   à l’abandon.
Ce sont des impressions variées et profondes qui restent gravées dans la mémoire et dans le coeur qu’occasionnent des promenades aussi bien réussies que celles des années
            1923:   St. Marc — Schauenberg — Pfaffenheim — Rouffach....
            1924:   Hoh-Barr — Saverne.
            1925:   Mont Ste-Odile.
Certes, ceux qui étaient de la partie aimeront à relire le compte-rendu de la journée publié en son temps, dans quelques journaux de la région. Voici ce qu’écrit l’«Elsässer Kurier» du 3. juillet 1923:
 
St. Marc, 1. Juni. — Ausflug der Matzenlzeimer. Der letzte Maientag brachte uns liebe Gäste. Von wunderbarem Maien­wetter begünstigt, stieg das ganze Collège St. Joseph aus Mat­zenheim über den Staufen zu uns hinauf. In Sulzbach hatten sich ihnen noch die dortigen Schüler angeschlossen, die, obwohl etwas ermüdet von ihrer am Tage vorher unternommenen Bergtour, es sich zur Ehre anrechneten, mit ihren Lehrern die Eclaireurs zu spielen. Waren doch auch 2 ihrer Kameraden unter der 300-köpfigen Schar.
Wie eine lebendige Riesenschlange ging’s den wunder­vollen, so wenigen Touristen bekannten sogenannten Graspfad hinauf zum Hohen Staufen. Bald zeugten schmetternde Weisen, dass die nötige Stimmung eingekehrt war in das Schüler­bataillon. Am sonnigen Staufenhang wurde gelagert. Mächtig schmetterten die prickelnden Weisen des ,,Salut au printemps” hinüber zum sonnenumfluteten Schrankenfels. Es hat einen unbezahlbaren Schatz an seiner flotten Musik, das Institut von Matzenheim.
Ueber die Marbacher Höhe und das Bildstöckle marschierte man dann nach dem lieblichen Höhenkloster St. Marx. Die Musik kündete, den Schwestern das Nahen der munteren Jünglingsschar schon von ferne. Eine Reihe von Tischen und eine Anzahl von grossen Körben mit lockendem Inhalt dort auf der grossen Kloster­wiese verrieten sofort, dass trotz der knappen Zeit — infolge der Wetterlaune hat der frère directeur das Kloster erst spät am Abend vorher benachrichtigen können für des Leibes Bedürf­nisse trefflich gesorgt war. Es, ist hier wohl am Platze, der umsichtigen und zugleich liebevoll energischen Leitung des Instituts bewundernd zu gedenken. Wie eine fürsorgliche Mutter, durchwanderte der Direktor unablässig die Reihen, sich selbst keine Rast gönnend, bis alle, aber auch alle, auch die kleinen und grossen Sulzbacher Gäste, versorgt waren. Und wie ver­sorgt! Diese stramme und dabei doch so natürliche Disziplin! Dieses höfliche, so gar nicht vorlaute und trotz allem so natür­liche Benehmen dieser Knabenscliar auf freier Höhe, wo sonst so gern der Uebermut zu tollen, aber oft auch dummen Streichen lockt! Direktor und Frères wetteiferten dort oben, ihrem berühmten College den ausgezeichneten Ruf zu erhalten, und es ist ihnen dies hier wie auf der ganzen Fahrt vorzüglich gelungen.
Den freundlichen Schwestern, die von sich aus noch ein Uebriges getan hatten, um die wandernde Küche der Matzen­heimer zu würzen und zu vervollständigen, und die sich hier­durch den Dank aller Frères und Gäste und der Herren Aumôniers gesichert haben, brachten Musik- und Sängerchor im schönen Klostergarten ein wohlgelungenes Ständchen. Die Sänger haben dabei ihre Kameraden vom Instrument womöglich noch übertroffen. Dies jubelnde ,,Alsace ravissante”, dies innige ,,Elsass, du Perle am Rhein”, dies rührende ,,Mutterherz”, dieser in seiner originellen Auffassung hinreissende ,,Hans im Schnokenloch”, diese Lieder alle gesungen glockenrein von jugendfrischen, der Sache sich hingebenden Knabenstimmen, es war in dieser idealen Umgebung für Schwestern und Postulantin­nen, Schüler und Lehrer ein einzigartiger Genuss, und dann der Segen! Die Krone gebührt doch wohl dem wuchtigen, begeister­ten ,,Salve Mater”. Der Choral ist doch jeden Gesanges Perle, wenn er so ausgeführt wird.
Hunderte von wehenden Mützen, ein brausendes ,,Au revoir” beim Abschied verrieten dem Kloster, wie sehr es der Jugend da oben gefallen. Bald war der Kuckuckssteinpfad erreicht, der die Schar in einem knappen Stündchen vorbei an massigen Beton­felsen zur Marienstätte S c h a u e n b u r g leitete. Ein freudiges Lied zur Marienkönigin in der traulichen Kapelle, und weiter gings durch die Rebenhalden P f a f f e n, h e i m zu. Ein freund­licher Zufall hatte es schon in St. Marx gefügt, dass die Kapelle bereits fürs Fronleichnamsfest geziert war. In Pfaffenheim traf man es ähnlich fürs Triplefest der Kirchweihe, Firmung und das Fest des Kirchenpatrons. Wusste man auch, dass diese flatternden Fahnen und Grünenden Tannenhöhen Ehrengästen galten, hatte man doch eine Plaisir daran. Im Hause der Frères liess es sich der Herr Maire von Pfaffenheim, ein Ancien von Matzenheim, nicht nehmen, persönlich die honneurs zu machen. Die gesamte Jugend wurde daselbst noch einmal gelobt, so dass sie wohl den einstündigen Strassenweg nach der gare aushalten konnte. In Rufach erwies man dem Schwesternpensionat die Ehre eines kürzen Tuschs, und dann zog das College in seiner wohlgefügten Ordnung - eine lebendige Reklame - dem Bahnhof zu, wo der Extrazug bereits wartete.
Das war von allen Ausflügen noch der prächtigste, hörte man Direktor, Frères und Schüler beim Abschied loben,- also denn: Au revoir!
 
Bien que moins favorisée par le temps, l’excursion de 1924 - elle nous fit admirer le matin la belle vallée de Wasselonne, le Krontal, et nous conduisit de Stammbach , par l’Ochsenstein, le Haberacker et les deux Géroldseck au Hoh-Barr et de là à l’antique cité épiscopale de Saverne - nous réserva les surprises les plus agréables, grâce à l’hospitalité des Rév. Pères du St. Esprit et grâce à l’amabilité des Anciens de la région qui - monsieur le secrétaire Zwiebel en tête - avaient tenu à venir à notre ren­contre jusqu’au Hoh-Barr, pour se faire nos guides à travers la ville des roses. Au sujet de cette excursion, on a pu lire dans l’Echo aus den Missionen der Väter vom heiligen Geist» (Juli 1924) l’entrefilet que voici:
Missionshaus St. Florenz, Zabern. — Ein Besuch, der unsere Schüler besonders gefreut hat und bei uns allen in angenehmer Erinnerung bleiben wird, war jener der Matzenheimer Studenten. Es war am Mittwoch, den 4. Juni, als sie, von den Brüdern, ihren Professoren gefüihrt, 400 Mann stark unter dem klingenden Spiele ihrer ausgezeichneten Musik, zum grossen Tor hinein­marschierten. 1m Speisesaal unserer Missionsschüler war ihnen ein reicher Tisch gedeckt. Das Matzenheimer Institutsauto hatte am Morgen schon den nötigen Proviant- herbeigeschafft. Unsere Jungens sorgten für die Tafelmusik. Um 4 Uhr sollte Concert im Rosengarten stattfinden von der flotten Instituts­musik gegeben. Da aber das Wetter wenig einladend war, blieben die Studenten bei uns bis zur Abfahrt ihres Extrazuges. Gewiss ist ihnen die Zeit nicht lang geworden. Unsere Missions­schüler begleiteten dann ihre Besucher an die Bahn, wo herzlich Abschied genommen wurde. Die Matzenheimer Studenten haben uns den besten Eindruck hinterlassen: P. L.
 
La promenade de  1925  fut un pèlerinage à notre sanc­tuaire alsacien que tous les jours nos yeux saluent à l’horizon. Qu’on nous permette, cette fois encore, de mettre sous les yeux des An­ciens les lignes trop élogieuses qu’un «Pèlerin de Ste-Odile» a bien voulu publier dans l’«Alsace» et le «Courrier de Strasbourg»:
 
Au mont Sainte-Odile.
Si d’ordinaire, lors de mes pèlerinages à Ste-Odile, j’aime à me plonger dans les siècles lointains où l’histoire se confond avec la légende, si les souvenirs religieux et historiques enva­hissent mon âme à la vue des ruines imposantes d’un passé qui détruit et renouvelle tout à la fois, je ne pouvais guère oublier l’heure présente, lors de ma dernière visite au mont sacré. C’est que j’avais, ce jour-là, là bonne fortune de rencontrer sur le sol béni de Ste-Odile, cette belle et ardente jeunesse que 350 familles d’Alsace et de Lorraine - bien avisées, certes! - ont confiée à ces maîtres dévoués que sont les Frères de Matzenheim.
Vers 10 heures les fiers accents d’une fanfare appelèrent les pèlerins dans la cour du monastère où l’on vit apparaître, sous les tilleuls séculaires, l’imposante colonne des collégiens accom­pagnés de leurs maîtres. Quelques minutes plus tard, on allait assister à un spectacle encore plus -impressionnant: une messe en plein air, sous le ciel pur et radieux, dans - ce cadre unique qu’est le sommet de notre montagne sainte. Je n’essaierai point de dire quelle a été mon émotion en voyant devant le Dieu eucharistique cette belle jeunesse, espoir de demain, et en enten­dant les notes claires de ces voix argentines qui me disaient mieux que jamais la grandeur de l’enfant -en prière. Je n’avais qu’un regret, c’est de ne voir à la disposition de l’habile organiste des frères qu’un harmonium vraiment trop peu majestueux en plein air. La fin de la cérémonie me réserva une surprise: pour la première fois j’entendis chanter, et cela par plusieurs centaines de jeunes voix, le nouveau cantique à Ste-Odile, couronné le mois passé par la «Caecilia».
Après la messe, on visita par groupes, dans un ordre impres­sionnant, les différentes chapelles, les terrasses et le musée. Les exclamations enthousiastes à la vue du beau jardin d’Alsace, l’intérêt passionné qu’on portait à tout ce qui regarde la sainte de Hohenbourg, les questions à la fois ingénieuses et candides qu’une bouche d’enfant seule sait trouver, l’empressement avec lequel les plus jeunes envoyaient le bonjour à la petite maman là-bas, loin, très loin; une politesse sans défaillance et une con­fiance sans limites, tout cela ne peut que laisser le meilleur souvenir dans le coeur de tous les témoins.
La curiosité me poussa jusqu’à aller voir ces jeunes gens prendre leur dîner sur l’herbe. Spectacle ravissant! On ne savait vraiment pas trop ce qu’il fallait admirer le plus de l’organisa­tion minutieuse de l’ensemble ou de l’ordre impeccable du ser­vice, du menu si riche et si intelligemment composé ou de la belle humeur de ces chers jeunes gens, qui croquaient à belles dents ce qu’un économe avisé leur avait préparé, en bon père de famille. Je ne pus m’empêcher de féliciter les parents — rien qu’à penser au physique — qui ont confié leurs enfants à de telles mains.
Le dîner terminé, la brillante fanfare des collégiens montra que son programme est aussi riche que consciencieusement étudié. Un bravo à son sympathique chef qui, par son savoir-faire et son zèle infatigable, rend, chaque année, d’éminents services à notre chère Alsace, de tout temps éprise de chant et de musique.
J’aurais bien aimé assister encore au petit office d’adieu à l’église même où - j’en suis sûr - ces enfants, issus de bonnes familles catholiques de notre pays, ont promis à Ste-Odile de marcher sur les traces de leurs ancêtres et de garder intact le dépôt sacré de la foi dont elle est la gardienne à travers les siècles.     
Un pèlerin de Ste-Odile.
 
 
Voilà pour les grandes excursions. Mais les promenades tradi­tionnelles au Rhin et à Neunkirch? me demandez-vous. Elles se font toujours et presque à dates fixes: Le mardi gras on va. au Rhin, le14 juillet à Neunkirch où depuis deux ans - innovation très heureuse - le pique-nique est organisé dans la forêt.