Récit des origines et des débuts de la Congrégation par Georges Barthelmé, 1931

N.B.

Le lecteur tiendra compte que ce récit date de 1931 et que Ehl a été détruit par un bombardement en janvier 1945 (cf.sur ce site le récit de Fr. Denis « Ehl dans la tourmente 1939-1945 ».)

P.Bintz


Les origines

Le Chanoine E. Mertian est né à Ehl, le 9 février 1823. Il ne restait alors de l’antique éclat de la cité millénaire qu’un petit hameau et un pieux souvenir.

Par quel secret dessein de la Providence, le Supérieur Mertian devait-il naître au berceau du Christianisme en Alsace? Par quelle faveur spéciale cette région privilégiée allait-elle devenir le centre des Œuvres de ce nouvel apôtre, dont le rayonnement et les bienfaits se multiplieraient et s’étendraient au loin ?

Ehl, après une succession de différents Ordres, avait été occupé, depuis 1630, par les R. P. Récollets. Le siège épiscopal de Strasbourg avait accordé, aux disciples de saint François, la jouissance du vieux couvent des Guillemites et de son église, jadis consacrée par saint Léon, pour y ranimer le culte de saint Materne.

Leur prise de possession avait été attristée par la guerre des Suédois; les ruines et les ravages s’étaient amoncelés dans le pays; la peste et la famine y avaient ajouté leurs horreurs. Le couvent avait beaucoup souffert, mais il fallait d’abord songer aux populations si éprouvées et celles-ci conservèrent une profonde reconnaissance aux Pères, pour leur admirable dévouement. Ce ne fut qu’en 1772 que les Récollets purent enfin penser à une sérieuse restauration de leur vieille rési­dence délabrée et que des plans, d’une grande envergure, furent dressés.

En 1774, Nicolas Barthelmé de Sand, en religion Père Hilaire, Gardien de la Communauté, faisait démolir l’ancien Couvent et son église et leur substituait de nouvelles et spa­cieuses constructions, grâce à l’influence et au concours de son frère Sébastien, Prévôt de Sand et Fermier Général du Grand Chapitre de Strasbourg. La belle et nouvelle église, consacrée, le 12 Mars 1776, par Mgr d’Arath, fut livrée aux fidèles et de nombreux pèlerins y affluèrent de nouveau, pour vénérer les reliques de saint Materne, -.

Survint la Révolution. Au nom des Supérieurs de l’Ordre, le P. Hilaire conseilla à sa famille d’acheter Ehl. Sébastien Barthelmé venait de mourir; son fils, Jacques se rendit Ettenheim, auprès du Cardinal de Rohan, et, avec son assen­timent, il résolut de sauver de la fureur révolutionnaire le Couvent qui devait être vendu comme domaine national. On avait compté sans le farouche révolutionnaire Chrétien Mehler, meunier de Benfeld. Aucune entente n’ayant pu se faire, lors de l’enchère, l’église et l’aile orientale du couvent furent attribuées au sectaire, qui les fit démolir, tandis que les deux autres ailes du quadrilatère, dans l’une desquelles E. Mertian devait voir le jour, furent adjugées, le 3 Prairial An Il, à Jacques Barthelmé, pour la somme de quatre-vingt-onze-mille francs.

Longtemps, Jacques Barthelmé avait nourri l’espoir de rétrocéder ce bien à leurs légitimes propriétaires, c’était aussi leur vœu; leur dispersion, leur mort ne le permirent pas. Vainement aussi offrit-il la propriété aux Sœurs de la Provi­dence, pour un noviciat et à l’Evêché, pour un petit séminaire. Ehl était trop isolé. L’heure de Dieu n’avait pas sonné. Après y avoir établi une Manufacture de tabac, à laquelle mit fin, en 1811, le monopole de l’Etat, Jacques Barthelmé y installa une fabrique de sucre de betteraves, invention nouvelle de Delessert, et y plaça, comme Directeur, son gendre Ignace Mertian, père du Supérieur.

L’ancêtre de la famille Mertian d’Alsace habitait Bœrsch; de là sortirent les rameaux de Molsheim-Gresswiller, Ribeau­villé et Rouffach. Ignace, issu de cette dernière branche, épousa, en 1816, Louise Barthelmé de Sand. De leurs dix enfants, dont trois moururent en bas âge, quatre répondirent à l’appel de Dieu: Eugène, le vénéré Supérieur; Edmond, pendant 33 ans curé de Lutterbach; Joseph, qui se dévoua aux orphelins, en Amérique et Louise, religieuse de Jésus Marie à Lyon, qui passa de longues années aux Missions à Bombay.

Les exemples ne manquaient pas d’ailleurs; du côté du père, comme de celui de la mère, ils appartenaient à des familles où la religion et le sacerdoce étaient en honneur. On y compte, dans le dernier siècle, plus de cinquante prêtres, religieux et religieuses des Ordres des Augustins, Jésuites, Prêtres de l’Oratoire, Dominicaines, Carmélites, Dames de la Retraite, Sœurs de la Providence, de N. D. de Sion, de l’Adoration réparatrice..., parmi lesquels se distinguent particulièrement: l’abbé L. Krempp et l’abbé F. X. Hurstel, co­fondateurs, à Molsheim, des Sœurs de la Providence de Ri­beauvillé; Bruno et Ignace Mertian, leurs 2’ et 3’ Supérieurs, qui établirent leurs règles définitives; Victor Mertian, Provin­cial des Jésuites, Henri Mertian fondateur et Supérieur du collège des Jésuites de Reims, Benoît Hurstel, curé de Neunkirch, l’apôtre du Ried, Bernhard Hurstel, curé de Sand...

Jacques-Joseph-Eugène Mertian avait donc de qui tenir et sa tendre enfance se passa encore dans la douce atmosphère et dans le pieux souvenir du premier Apôtre de l’Alsace. Sa santé délicate demandant des soins particuliers, ses parents assurèrent son instruction à leur foyer. Il n’avait pas six ans quand, en Novembre 1828, on lui donna comme précepteur l’abbé Georges Kœhler d’Erstein, qui venait de terminer sa Théologie Ce ne fut pas sans quelques larmes que le jeune élève - encore un enfant - d’une intelligence précoce mais d’un coeur sensible, s’accommoda de son premier maître. Celui-ci, sans être dépourvu - loin de là - de sentiments affectueux était d’allure et de tempérament sévères et plutôt brusques, il employait la fermeté plutôt que la douceur. Eugène comprit peu à peu que cette sévé­rité n’était exempte ni de bonté, ni de coeur et il s’établit entre le maître et l’élève une affection indéfectible qui se développera encore au cours de leur vie. Il ne sera pas de plus fidèles amis que le Vicaire Général de Strasbourg et le Supérieur de Matzenheim.

Quand on a connu le chanoine Koehler on est frappé de la similitude des qualités des deux amis. Tant il est vrai que l’éducation première importe avant tout; elle laisse son empreinte toute l’existence.

Les progrès du jeune élève furent rapides, il se donnait avec ardeur au travail, bien que un peu espiègle à ses jours.

Ordonné prêtre en 1829 et nommé vicaire à Matzenheim, l’abbé Koehler continue néanmoins à résider à Ehl et souvent Eugène l’accompagne à pied jusqu’à sa nouvelle paroisse. Ce souvenir n’aura-t-il pas quelque influence plus tard sur son choix pour l’établissement du collège? D’autres ecclé­siastiques remplacèrent l’abbé Koehler, nommé à Reichs­hoffen, puis à Sélestat; mais lorsqu’en 1832, celui-ci sera préposé à la cure d’Ebersmunster, avec quelle joie l’élève ne le rejoindra-t-il pas comme pensionnaire. C’est là, où il est déjà cité en modèle, qu’il fera sa première communion, à 12 ans, dans l’ancienne abbaye proche du Willerhof, qui deviendra le berceau de la Congrégation des Frères. II est confirmé l’année suivante à Benfeld, par Mgr. Le Pappe de Trévern.

En 1836, il entre au petit séminaire de Strasbourg et s’y distingue; son affabilité lui gagne l’affection de tous et il se lia d’amitié avec Melchior Freyd, le futur Supérieur du Séminaire de Rome et avec Aloïse Kobès, futur Père du Saint-Esprit, Vicaire Apostolique de Sénégambie. On n’a pas oublié dans notre région les paternelles visites de ce saint missionnaire, accompagné du Supérieur Mertian auprès duquel le ramenait régulièrement son amitié.

Entré en 1840 au Grand Séminaire, Eugène Mertian y acquiert, avec une sainte ardeur, de profondes et solides connaissances théologiques. Il y est enthousiaste du Véné­rable Père Libermann, récemment converti et miraculeusement guéri à N. D. de Lorette. A son contact, il puise, avec une grande piété, l’amour de la conquête des âmes qui l’animera toute sa vie. En Août 1842, il reçoit la Tonsure. Son premier sermon ravit professeurs et séminaristes.

On se rendra compte des sentiments religieux et élevés qui animaient déjà cette âme enthousiaste et pourtant si jeune encore dans les passages suivants d’une lettre qu’il écrivait, le 31 Décembre 1842, à son oncle et à sa tante: «...Sans doute, vous aurez toujours des peines, puisque le bon Dieu veut que la terre soit un lieu d’épreuve; mais il est quelque chose qui met au-dessus des pertes et des douleurs et qui, j’en ai la douce confiance, ne nous sera jamais ravi, quelque chose que je vous souhaite de conserver comme le plus précieux des trésors, — la paix que procure la vertu; elle est délicieuse, cette paix. Elle rafraichit l’âme désolée comme la rosée du matin dés­altère la feuille flétrie; elle relève l’espérance et le courage du juste, quand le vent de l’adversité, en passant, a incliné sa tête...».

Trop jeune, il ne sera promu sous-diacre qu’à la fin de sa 4e année de séminaire, en 1844. A cette époque, Mgr Raess. qui avait pour le jeune Mertian de hautes ambitions, céda cependant aux pressantes instances du fondateur du Willer­hof, M. L. Mertian, qui sollicitait son parent pour son œuvre,

Louis Mertian, frère des deux supérieurs des Sœurs de Ribeauvillé avait fondé un orphelinat au Willerhof, près de Hilsenheim, dans un domaine de 300 hectares qu’il avait acheté à l’Etat, destiné à recueillir 200 orphelins de familles rurales, indigentes, des Bas- et Haut-Rhin. Les enfants y étaient entretenus gratuitement et recevaient une instruction en rapport avec leurs aptitudes.

Ils avaient comme aumônier le P. Schneider, jésuite, qui, devant les difficultés à se procurer des instructeurs, conçut le projet de rénover l’ancienne Congrégation, éteinte, des Frères, fondée, en 1820, par Ignace Mertian, Supérieur de Ribeauvillé. S’appuyant sur une autorisation royale de 1821, il prêcha, à cet effet, une mission dans le Val de Villé, qui lui fournit, en Décembre 1842, les premiers éléments de l’ordre.

C’est le 8 Septembre 1844, que l’abbé E. Mertian fut adjoint au P. Schneider, auquel le Supérieur du Grand Sé­minaire avait dit: « Vous aurez la perle du Séminaire.» Dès son arrivée, il se soumet à la direction de l’aumônier, s’adonne à l’œuvre des novices, dont il partage la vie en commun, les exercices et les travaux et leur fait des cours d’histoire et de géographie.

 

Les débuts

Eugène Mertian reçoit le diaconat en 1845. Le 27 Août, de la même année il prononce ses vœux de religion pour cinq ans, sous le nom de Frère Marie Eugène, en compagnie de quatre autres Frères. Ce fut le premier noyau de la Congrégation des Frères de la Doctrine Chrétienne.

Le 20 Décembre 1845, il est ordonné prêtre, par Mgr Raess, et il célèbre, le 30 Décembre, sa première Messe dans la chapelle du Willerhof, assisté de ses amis, les abbés Koehler, Kobès, Freyd, entouré de sa famille, de ses frères en religion et des orphelins.

Rappelé par ses Supérieurs, le P. Schneider quittait le 6 Février 1846, et c’est à moins de 23 ans qu’incombait à l’abbé Mertian la direction de l’orphelinat et de la jeune Congrégation. Avant son départ pour le Canada, le P. Schnei­der devait revenir en 1848, et du 7 an 9 Août le Supérieur et lui travaillèrent à la mise au point des règles de la Con­grégation. E. Mertian en donna lecture à toute la Commu­nauté le 9; c’était la consolidation et la consécration de la Congrégation, dont le P. Schneider avait été le rénovateur et le P. E. Mertian le définitif fondateur.

Toute fondation, pour assurer ses bases solides, doit passer par l’épreuve. Les débuts du Supérieur furent parti­culièrement pénibles et semés de difficultés de toutes sortes, auxquelles s’ajoutèrent celles suscitées, à la mort de Louis Mertian, par les intrigues de l’administration civile auprès de sa veuve mal informée. Eugène Mertian est contraint d’abandonner le Willerhof. On s’imagine sa souffrance morale. Ce jeune et ardent noyau de la Congrégation allait-il disparaître à peine créé? Il s’en confie au Supérieur des Sœurs de Ribeauvillé, l’abbé Bacher, qui lui promet son assis­tance et lui offre l’hospitalité à l’orphelinat de Hilsenheim.

Le 27 Août 1850, sans aucun moyen d’existence, aban­donné en haut-lieu de ceux qui lui avaient promis leur soutien, E. Mertian se réfugie, avec ses Frères, ses novices et ses postulants, au nombre de cinquante, dans une aile de la Providence, orphelinat de Hilsenheim, également fondé, en 1843, par L. Mertian, pour des orphelines, sous la direction des Sœurs de Ribeauvillé qui en étaient devenues propriétaires et dont le service religieux était déjà assuré par l’abbé Mertian.

Tout autre quelui se fut découragé; mais soutenu par son esprit de sacrifice, par son idéalisme et sa grande confiance en Dieu, secondé par le zèle et l’abnégation de ses premiers Frères, la vie reprend avec une nouvelle ardeur. En témoignage de reconnaissance, l’abbé Mertian et un certain nombre de Frères prononcèrent leurs vœux per­pétuels, le 19 Octobre 1850, à l’issue d'une retraite, entre les mains de leur unique protecteur, M. l’abbé Bacher. Le 20 Décembre 1851, on inaugurait la nouvelle chapelle de Hilsenheim.

Le renom des premières écoles communales dont les Fières avaient pris la direction, Sigolsheim, depuis 1847, Ottmarsheim, Fréland, Merxheim, commençait à se répandre. On reconnaissait les bienfaits de leur instruction religieuse les écoles de Zillisheim, Wettolsheim, Pfaffenheim, Huningue suivirent. Et voici que l’administration du Willerhof, à son tour, reconnaissant ses torts, sollicite la faveur de quelques Frères. Le Supérieur, ne laissant parler que la générosité de son coeur, y délègue quatre Frères, pour l’enseignement agricole et primaire des orphelins, dont il assurera lui-même l’instruction religieuse. Noble exemple de pardon et de charité chrétienne!

Les postulants affluaient, mais le nombre encore res­treint des Frères ne permet pas d’accéder aux nombreuses demandes des communes. C’est alors que le Supérieur Mertian rêve d’un plan plus vaste pour étendre son champ d'action. Ne conviendrait-il pas de créer une école agricole, qui manque à l’Alsace et qui rendrait les plus grands services?... En Octobre 1856, le Pensionnat primaire agricole débutait avec 10 élèves; il prit une si rapide extension qu’en peu de temps le nombre des élèves s’éleva à 250, avec ins­truction agricole, industrielle et commerciale. Aussi, malgré le transfert des orphelines et des Sœurs, dès 1851, à Ribeau­villé, d’où elles ne reviendront qu’en 1872, malgré plusieurs agrandissements, l’œuvre de E. Mertian restait trop à l’étroit à Hilsenheim. Il songe alors à son extension dans une localité moins retirée et mieux desservie. L’occasion lui est fournie par l’ancien relais de Poste "Aux deux Clefs" à Matzenheim, dont il fait l’acquisition en 1861.

Le 7 Janvier 1862, le noviciat des Frères y est transféré, sous la direction du Frère Aloïse Cunin. En 1863, un externat pour les localités voisines y groupe une tren­taine d’élèves, avec le Frère Edouard Sitzmann. Le Frère Bernard, bras droit du Supérieur et l’un des grands animateurs de la Congrégation, Maître des novices, prend la di­rection de Matzenheim, en 1865, tandis que le Supérieur y établit sa résidence.

Pendant ce temps, le nombre des écoles dirigées en Alsace par les Frères s’était accru. Fin 1863, elles comp­taient 55 Frères répartis dans 16 localités, Brumath, Reichs­hoffen, Boersch, Marmoutier, Rhinau, etc. avec 47 classes et 2.077 élèves. En 1870, les Frères répandront leurs bienfaits dans les vingt-six communes qui suivent, selon leur création: Sigolsheim, Ottmarsheim, Fréland, Merxheim, Zillisheim, Wettolsheim, Pfaffenheim, Huningue, Willerhof, Hilsenheim, Steige, Brumath, Rhinau, Marmoutier, Reichs­hoffen, Boersch, Matzenheim, Griesheim, Saint-Jean-des­-Choux, Mulhouse, Mertzwiller, Achenheim, Urmatt, Sierentz. Bantzenheim, Hirsingue. Ils enseignaient plus de 3.000 élèves.

L’activité du Supérieur ne se ralentit pas; pour couronner son œuvre, il veut doter Matzenheim d’un grand collège. Les plans sont dressés, il y apporte ses vues avec un soin des plus minutieux. Les travaux sont commencés fin 1869 et la pose de la première pierre a lieu le 19 Mars 1870, Fête de saint Joseph, sous le patronage et la protection du­quel le collège et la Communauté sont placés. La construc­tion principale, admirablement conçue et bâtie, s’élevait déjà à la toiture quand la guerre éclata.

Que de difficultés, que de tristesses et de privations, le Supérieur et ses Frères n’eurent-ils pas à subir pendant les hostilités!

Ceux qui ont encore connu le Supérieur Mertian « le Père Eugène » comme on l’appelait dans la famille

se souviennent de ce prêtre de grande et forte stature dont la démarche imposante et grave inspirait le respect. Des cheveux châtains grisonnants, légèrement bouclés, que ne quit­tait jamais une petite calotte noire; un grand rabat; souvent une tabatière à la main; des lunettes. an travers desquelles brillaient des yeux bleutés, scrutateurs, qui reflétaient l’in­telligence et d’où perçait une légère pointe d’ironie.

Son aspect extérieur réservé, parfois sévère, rappelait son premier éducateur et ami, le chanoine Koehler, dont il avait gardé l’empreinte. II était sobre en paroles, mais elles étaient précises: son désir d’atteindre un but donnait parfois à sa fermeté un air de rudesse; elle n’était qu’apparente. Son coeur était profondément religieux et bon et sa qualité dominante était la douceur. S’inspirant de saint François de Sales, il savait que c’est par la douceur que l’on pénètre jusqu’au coeur de l’enfant. Exceptionnellement doué, son intelligence était servie par une mémoire surprenante; son jugement droit et sûr était secondé par une volonté et une persévérance que ne rebutaient aucune difficulté, aucune déception; et quand, après mûre réflexion, il avait pris une décision, elle était irrévocable.

Prêtre au plus haut idéal, profond théologien, orateur de talent, il savait, en véritable apôtre, captiver et charmer son auditoire, lui communiquer sa piété et sa foi. Avec quelle flamme il parlait de la divine Eucharistie, du culte de la très sainte Vierge, de la protection de saint Joseph! Combien sont émouvants ses sujets de méditation! Combien sont admirables et saintes les conférences qu’il faisait à ses novices et à ses bons Frères!

Le but de sa vie fut de travailler à la gloire de Dieu, à l’honneur de l’Eglise, par l’éducation de la jeunesse, à l’aide de sa chère Congrégation. Cette jeunesse qu’il aimait, il fallait l’armer pour la vie, contre les fausses doctrines d’un J-J. Rousseau, d’un Voltaire, des Philosophes du XVlIle s., dont il avait vu les tristes méfaits. L’unique moyen était de lui donner une solide instruction religieuse, base de toute éducation sérieuse et créer, à cet effet, à l’instar des Sœurs de Ribeauvillé, qui forment de bonnes chrétiennes, des éducateurs de pères de familles catholiques. Telle fut la raison de sa Congrégation de Frères. Le Supérieur Général avait une profonde connaissance des hommes - et il le prouva dans sa jeunesse par le choix de ses amis, comme plus tard dans celui de ses Collaborateurs - aussi, les conseils d’éducation et d’instruction qu’il donne pour les orphelins, pour les élèves, pour les postulants et les novices sont-ils remarquables de clarté, de précision et aujourd’hui encore d’actualité. Soins de l’âme et du corps, religion, morale, étude, travail, hygiène, tenue, politesse,… rien ne manque, tout y est mentionné avec art; et pour y atteindre le Supérieur recommande la prière, l’application, l’énergie et la patience.

Combien plus précieux et plus paternels encore sont les instructions et les conseils qu’il donne à ses chers Frères pour leur vie spirituelle et temporelle. De quelle affectueuse sollicitude ne les entoure-t-il pas, partageant leurs peines, reconnaissant leurs mérites, soutenant leurs efforts et n’étant jamais plus heureux que lorsqu’il se trouve au milieu d’eux. Et quels regrets quand l’un ou l’autre, voire le plus humble, vient à mourir! Comme il a pour chacun une pensée émouvante. Ainsi s’exprime-t-il pour l’un d’eux:

«L’existence qui vient de s’éteindre, non sans jeter un bel éclat à la dernière heure, était une de ces existences calmes, modestes, réservées, simples sans curiosité, sans prétention, se repo­sant tout entier sur Dieu, d’une soumission flexible à tous les mouvements de sa grâce, à chacun des contacts des doigts divins.

«Pierre précieuse enfouie dans la terre, perle limpide cachée sous les eaux, humble violette plantée au bord du chemin, dans le buisson, il ne nous quitte pas cependant sans nous envoyer un rayon de lumière, sans exhaler, au passage, un doux parfum.

«S’il a demeuré huit ans parmi nous d’une manière presque inaperçue, c’est qu’il a su que la vraie vertu veut être ignorée et qu’un jour les derniers seront les premiers... »

Si le Supérieur Mertian a su fonder, il sut aussi former de dignes successeurs, possédant, non seulement sa doctrine, mais encore son ardeur, son esprit et son âme. Devant la  remarquable maîtrise avec laquelle les Frères ont poursuivi son œuvre, lui donnant toute son ampleur et réalisant les vœux de leur fondateur au delà de toutes ses espérances, il est permis de reconnaître que le Chanoine Mertian fut un grand Educateur.

Bien qu’il s’en défendît, M. Mertian fut encore un fin lettré, un érudit. Ses lettres, ses écrits, son testament spiri­tuel sont d’un beau style et d’une rare noblesse de senti­ments. Son amour de l’Alsace le conduisit à de nombreuses recherches et il rassembla une quantité de documents, pour servir à son histoire. Le recteur Adam, Mgr Glöckler nous disaient que nul n’était mieux documenté que lui pour écrire l’histoire de notre région. Il est regrettable que sa santé ne lui ait pas permis de publier ses travaux; rendons hommage au Frère Edouard Sitzmann, l’éminent écrivain couronné par l’Académie Française, qui a su mettre à jour et faire paraître certaines des œuvres du Supérieur, sur Ehl, la cité gallo-romaine; sur Werde, le castel féodal des Landgraves de la Basse-Alsace, que le Supérieur, par culte de l’Alsace, avait acheté tombant en ruines et fait restaurer et qui aujourd’hui rend de si grands services à la Communauté. Souhaitons que paraisse un jour la suite de ses intéressantes découvertes.

Malgré ses qualités, le Supérieur E. Mertian était resté un modeste. S’il parlait peu, il agissait beaucoup. Ennemi de la réclame et de l’intrigue, il édifia petit à petit, au milieu d'innombrables difficultés, une grande œuvre, à laquelle on n'a peut-être pas assez rendu hommage, ni prêté les concours qu’ il eut été en droit d’attendre. Nous ne disons pas qu’il n’en a pas souffert, son coeur en futmeurtri, mais sans aigreur et sans jamais se plaindre. Il supporta sa croix avec patience et douceur, se réconfortant dans le Christ et auprès de ses fidèles et chers Frères. Il avait prévu l’avenir et con­struit en conséquence. Dieu bénit sa confiance, ses efforts et ses peines dans la belle floraison de son œuvre, qu’il mena à bien, grâce à la collaboration de Frères de grande valeur et de profonde piété.

A Pâques 1871, le nouveau Collège de Matzenheim ouvrait ses portes, après bien des efforts et des peines; le transfert de Hilsenheim s’y fait et la Direction générale enest confiée au Fr. Hilaire Hueber, un des meilleurs éduca­teurs de la Congrégation. Le succès est inespéré. De tout temps l’abbé Mertian avait voulu que la langue française tienne la place prépondérante; et cependant, dès 1866, unpressentiment, lui fait enseigner plus activement l’allemand, ce qui ne fit que s’accentuer dès 1870; les familles d’Alsace et de Lorraine, sachant qu’on continuerait à y enseigner le français, alors que, dès le début, l’administration allemande l’avait prohibé des écoles primaires, envoyèrent leurs enfants à Matzenheim.

Mais l’horizon est sombre et ce n’est pas sans une vive inquiétude pour son œuvre, que M. Mertian a vu l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine; devant la vague d’irréligion qui déferlait sur le monde, il prévoyait un redoublement de guerre religieuse. Dès 1871, il écrit: «Il n’y a plus qu’un enseignement franchement et radicalement chrétien qui puisse sauver la société moderne, personne ne saurait le contester. C’est dans le but de contribuer dans notre faible part à la réorganisation sociale, que tout le monde appelle de ses vœux, que nous nous sommes imposés les plus lourds sacrifices. Procurons aux jeunes gens qui se destinent à l’agriculture, à l’industrie, au commerce et à l’enseignement primaire une éducation solide, simple, foncièrement chré­tienne »

L’Allemagne avait réalisé son rêve de faire de l’Alsace-Lorraine un Etat allemand; muais le Supérieur n’ignorait pas que Bismarck ambitionnait de fonder une Eglise allemande et que le Gouvernement d’Alsace-Lorraine, s’inspirant du Kultur-Kampf, était contre les Congrégations enseignantes. Le renvoi des Frères et des Sœurs semblait donc certain. Aussi, dès 1872, avait-il fermé son noviciat. On était d’autant moins tranquille que le chancelier de fer avait déclaré. « Plutôt pas d’écoles que des écoles de Frères» et que ces paroles avaient été suivies du décret du 12 février 1873, rapportant la faculté aux communes de choisir, pour leurs écoles, des religieux ou des laïcs.

Déjà les Congrégations, dont la Maison-Mère se trou­vait en France, avaient été mises en demeure de quitter l’Alsace et la Lorraine; parmi celles-ci, les Frères de Marie au nombre de 300 avaient dû fermer leurs 32 établissements, leur Pensionnat de Saint-Hippolyte, leur noviciat et leur Maison de Retraite d’Ebersmunster et abandonner leurs 7.500 élèves. En 1874, Matzenheim est menacé à son tour, on cherche à lui appliquer la même loi. Grâce à l’énergique et heureuse intervention au Landesausschuss du Baron F. A. Zorn de Bulach, dont le fils, le futur Coadjuteur, avait eu le Fr. Amand comme précepteur, le danger fût conjuré.

E. Mertian n’avait-il pas été poussé par une inspiration providentielle lorsqu’il avait fondé sa Congrégation, créé Hilsenheim et Matzenheim? Ne lui avait-on pas objecté alors qu'ily avait déjà assez de Congrégations de Frères, assez d’écoles dirigées par eux?... Et voilà que ces Congré­gations, ces écoles sont forcées de quitter l’Alsace, tandis que les Frères de Matzenheim restent pour assurer, dans une certaine mesure, l’enseignement catholique.

Mais les décrets se succèdent; les exigences, les vexa-fions également; c’est une véritable inquisition.

Un grand nombre de Frères, désireux de conserver la nationalité française, avaient dès 1871 rejoint la France; de ce fait, le nombre des écoles communales que dirigeait la Congrégation tomba de 25 à 9. Par contre, les Frères avaient fondé une école et un pensionnat à Solesmes (Nord), des écoles à Somain et à Landrecies (N.) puis à Charenton et à Puteaux, aux portes de Paris. Le Supérieur les visitait, comme il le faisait pour toutes ses écoles, afin de leur porter l’affectueux réconfort de la Maison-Mère. A son grand cha­grin, il doit décliner, faute de Frères, les nombreuses de­mandes, qui lui viennent de tous les points de France, voire de Belgique.

Les relations du Supérieur Mertian avec les autorités allemandes furent correctes, mais restèrent toujours froides et réservées; il souffrait beaucoup de l’annexion et ne cachait pas les sentiments intimes qui l’attachaient à la France. Mais un autre mal le minait, depuis 1875, ne permet­tant plus à son activité de se déployer avec autant d’énergie. Les sacrifices subis pendant la guerre, les tourments causés par les changements de programmes d’instruction de la nouvelle administration, l’insécurité de son œuvre, les difficultés sans fin n’y furent pas étrangers. Citons, à ce sujet, les lignes tristement prophétiques que sa clairvoyance adressa, le 25 Mars 1882, à l’un de ses Frères:

«C’est une chose décidée dans les Loges maçonniques que l'enseignement libre (en France) doit disparaître tout entier dans un prochain avenir, afin que l’enseignement catholique ne soit plus possible. .Aujourd'hui on chicane les Frères sur ceci, demain on les chicanera sur le local et le nombre des élèves; après-demain on leur ordonnera de faire disparaître les emblèmes reli­gieux et on leur défendra de prononcer le nom de Dieu à l’école ou d’avoir des livres autres que des livres impies; s’ils ne le font pas, on fermera leur école et s’ils en sont propriétaires on la leur confisquera et on la vendra comme bien national».

«Si les Frères déposent l’habit pour pouvoir continuer, en attendant qu’on supprime totalement la liberté de l’enseignement .chrétien, on leur imposera un serment comme quoi ils n’appar­tiennent à aucune congrégation religieuse et on leur demandera une profession de foi athée». «Il n'y a pas moyen d'échapper: ne vous faites pas illusion...Ne comptez pas sur la légalité, il n’y en a plus... »

Il retrouva néanmoins de grandes consolations dans l’essor magnifique du collège de Matzenheim, dû à l’habile direction du Frère Hilaire, dans l’inauguration de la cha­pelle, dans l’extension de l’école de Mulhouse, grâce aux qualités du Frère Philippe, ainsi que dans l’ouverture de la Maison d’Obernai, permettant à ses novices de suivre les cours de l’école normale de cette ville.

Une autre de ses joies fut l’élévation à l’Episcopat de Mgr Stumpf. Aussi verra-t-on souvent son ancien ami du Séminaire, accompagné de son Vicaire Général M. Kœhler, apporter au collège et à son Supérieur les marques de son affectueux attachement et de sa bienveillante protection. Un des premiers actes de son Episcopat sera d’élever M. Mertian à la dignité de Chanoine.

Plusieurs attaques d’apoplexie privèrent peu à peu le Supérieur de toute activité, il n’en resta pas moins en con­tact permanent avec ses chers Frères dont il entendait par­tager, au moins moralement, les tracas et les peines. Des deuils cruels vinrent encore assombrir ses dernières années: son vieil ami, le Vicaire Général Koehler, son cher Frère Ber­nard, sur lequel il comptait pour son successeur, et, quelques mois avant sa mort, Mgr Stumpf, son bienfaiteur. Cette perte l’affecta particulièrement; ne s’était-il pas proclamé le par­rain de sa Congrégation, son protecteur? Et l’avenir de ses chers Frères le préoccupait par-dessus tout.

Mgr Fleek, évêque de Metz, également son ami, vint lui porter ses consolations et sa bénédiction, en Septembre 1889, ce dont il fut très touché.

Le 20 Décembre 1890, une nouvelle attaque devait en­lever le Supérieur E. Mertian; son âme retournait à Dieu le jour de son 45eanniversaire de sacerdoce, après des souffrances endurées avec patience pendant des années et une vie riche d’actions et de vertus, emportant les regrets de sa chère Congrégation, de ses amis, de ses élèves et la recon­naissance de ses anciens élèves dont beaucoup lui devaient une brillante situation. A ses obsèques solennelles célébrées par le curé Fettig, se joignirent, outre la Communauté et une foule d’amis, une soixantaine d’ecclésiastiques. Le curé Glœckler prononça son oraison funèbre et exalta la belle vie de ce prêtre, de ce religieux, de ce grand éducateur.

Les bases solides sur lesquelles le Supérieur Mertian avait édifié la Congrégation, le choix qu’il avait fait de ses collaborateurs et bien-aimés Frères devaient assurer la suite de son Œuvre.

 

La succession

Le Fr. Hilaire lui succéda comme Supérieur Général; le souvenir qu’il a laissé montre la place considérable qu’il occupa dans la Compagnie et dans le collège. De sa mort même devait sortir une création bienfaisante et puissante, qu’il avait tant souhaitée: «l’Association des Anciens Elèves de Matzenheim», née en 1906 du désir de rester fidèle à ses enseignements. Combien le Supérieur E. Mertian serait heureux et fier de voir cette imposante phalange des Anciens qui se régénère sans cesse au foyer de son beau collège et qui étend sa précieuse influence dans le pays!

L’ excellent et vénérable Fr. Amand Bangratz succéda comme 3e Supérieur Général; il eût à assumer, avec le Fr. Julien, la pénible et redoutable charge de la Congrégation, pendant la grande guerre. Aujourd’hui, (1931) c’est le Fr. Auguste Richard qui préside aux destinées de la Congrégation, tâche délicate à l’époque que nous traversons.

Grâce à la sage et habile direction de ses successeurs, l’œuvre du chanoine Mertian s’est encore développée depuis sa mort. Après l’achèvement du bâtiment principal de Matzenheim, le confort moderne succéda à la modeste installation primitive.

Le Fr. Félix Braun, Directeur depuis 1912, compléta l’œuvre de ses devanciers, pour la beauté de l’Etablissemnent et le bien-être des élèves. Après la guerre, il fit agrandir et embellir la chapelle, foyer spirituel digne de l’éducation chrétienne du collège, et, par une délicate pensée, il associa le vénéré fondateur au cadre artistique des peintures. A lui incomba aussi la périlleuse adaptation de l’enseignement au nouveau régime; ses éminentes qualités, le précieux con­cours des Frères professeurs, possédant les deux langues et rompus à l’expérience et à la tradition, permirent la transi­tion rapide et les éclatants succès de leurs élèves couronnent leurs efforts.

L’Institut Saint-Joseph de Matzenheim, tant au point de vue de l’instruction et de l’éducation, que de l’hygiène et du confort peut rivaliser avec les premières écoles modernes.

La Congrégation ouvrit, en outre, en 1893, une Maison d’éducation à Zelsheim, pour les enfants que lui adressent les services pénitentiaires et que le Frère Hilaire eut tant àcoeur de fonder, à l’instar des œuvres de Don Bosco, dont il était un admirateur. Cette œuvre, dont il prévoyait l’uti­lité, le Supérieur l’appelait de tous ses vœux.

Dans une lettre de 1849, l’abbé Mertian souhaitait de voir le gouvernement allemand revenir à d’autres sentiments envers les Ordres religieux, afin qu’il puisse mettre, de chaque côté du Rhin, des Frères enseignants. Son vœu a été réalisé, 70 ans après, par ses successeurs, qui, en 1919, insti­tuèrent Ettenheimmunster.

Les Frères ont encore fondé la Maison de Saint Vincent­-de-Paul, à Strasbourg, dirigé avec tant de science et d’intel­ligence par le Fr. Médard, qui groupe les étudiants que leurs Hautes Etudes destinent à toutes les carrières. De tous côtés la Congrégation répand sa bienfaisante action. Mais quelle n’eût pas été la joie du chanoine Mertian de voir sa chère Congrégation entrer en possession du cou­vent d’Ehl, où il avait vu le jour et qui attirait ses regards chaque fois qu’il passait sous ses fenêtres; ce couvent con­struit par son arrière grand oncle, le Père Hilaire et acheté, en 1895, par le Frère Hilaire. Quelle ne serait pas son émo­tion, sa reconnaissance envers Dieu, d’y voir la Maison-Mère de sa Congrégation, son noviciat et sa Maison de Re­traite, avec la magnifique église romane élevée par les soins de ses Frères.

Ehl n’est plus la florissante résidence des Celtes ou des légions romaines, ni le centre des marchés au grand renom, ou affluaient les gens des pays les plus lointains.

Les Vandales, les Huns, les Suédois, la Révolution ont pu couvrir Ehl de ruines; l’église de Saint-Amand, celle de Saint-Léon IX, celle des Pères Récollets ont pudisparaître, les Frères de Matzenheim ont reconstruit un nouveau sanc­tuaire. Le Christ y règne toujours, adoré, et entouré d’une. magnifique floraison d’œuvres.

Dieu a voulu que du centre, sanctifié par Saint-Materne et par Saint-Léon jaillisse une nouvelle source de bénédic­tions divines et de renaissance religieuse. Gloire Lui soit rendue d’avoir donné à l’Alsace une âme aussi ardente, aussi chrétienne que celle du chanoine Eugène Mertian.

Georges Barthelmé

Ancien élève (1871-1874) - 1931