1940 à 1941 De Tournan-en-Brie à Triel s/Seine

10 mai : Nous apprenons la violation des frontières ; c’est la guerre, les alertes, les nouvelles terrifiantes
20 mai : les frères Tharsis, Antoine et Landolin sont arrêtés par les gendarmes
22 mai : Confirmation par un évêque missionnaire
23 mai : Fête-Dieu, les premiers élèves nous quittent. Nous souffrons de la méfiance des gardes civiques, de la population, du maire. Il ne manque que de nous traiter de « Boches ». Nous demandons aux parents 1000fr pour parer à toute éventualité.
3 juin : Première alerte sérieuse ; des bombes sont tombées à Paris, à Gretz. Nous sommes descendus dans les caves. Des élèves nous quittent tous les jours, cherchés par leurs parents.
9 juin :Les frères Séraphin et Albert sont mobilisés. Le Fr. Dominique arrive en permission. Quelle inquiétude ! Nous prévenons les parents, mais n’obtenons pas de réponse.
13juin : Nous décidons de décamper avec les 33 élèves qui nous restent et 4 domestiques, 6frères (Fulrade, Anselme, Jean, Jules, Jean-Baptiste, Dominique) 4 sœurs (Etienne, Anselme, Bénigna, Cordula) Le Fr. Directeur était parti vers Troyes pour nous y ravitailler. Nous n’arrivons qu’à St Loup de Naud, à une cinquantaine de km de Gretz, notre gare de départ. Nous marchons vers le sud jusqu’à Donnemarie. Après c’est les Allemands
17 juin : Nous revenons à Tournan en 2 étapes par Nangis, Mormant, Chaumes ; la question du ravitaillement se pose. Les familles Waechter et Lambert y pourvoient.
23 juin : Le Fr. Directeur qui nous avait cherchés à travers une partie de la France, nous retrouve enfin à Combreux.
29 juin : Les frères Tharsis, Antoine et Landolin sont revenus ; on les avait enfermés à Audierne.
1er juillet : nous faisons classe, surtout pour avoir une raison à opposer aux Allemands qui arrivent à tout moment pour occuper notre château.
Tous les jours, des parents emmènent des élèves. Vers la fin du mois, le Fr. Directeur fait des démarches pour pouvoir ramener en Alsace les élèves qui nous restent ; il rencontre de nombreuses difficultés.
1er Août : Le frère Etienne nous arrive d’Alsace.
2 août : CEP
8 août : Les frères Directeur, Jean, Jules, Jean-Baptiste, Dominique rentrent en Alsace avec les 12 élèves qui restaient encore par Gretz, Troyes, vers Dijon, à Beaune nous subissons la visite de la police allemande, Gray, Vesoul, Lure, Belfort. 9-10 août : Nous passons la nuit dans les wagons en gare de Mulhouse ; on nous harangue la nuit pour nous inviter à crier « Heil Hitler », personne ne bouge. Arrivée à Matzenheim à 11h du matin.
 
La communauté des frères de Matzenheim avec des élèves de la région parisienne
 
28 octobre : Les frères Fulrade, Tharsis restés sur place, Jean, Jean-Baptiste, Evariste, Lucien, Raphaël revenus d’Alsace, Honoré, Romain, Romuald démobilisés et restés à Tournan, plus tard Frère Séraphin démobilisé du camp de Jeunesse forment la nouvelle  communauté de Tournan
29 octobre Le premier élève : Olivier Aduel de Paris. Nous avons du mal à constituer un effectif qui nous permette de vivre. Nous arrivons à 28 pensionnaires et 4 demi-pensionnaires.
21 novembre : Rénovation des vœux des frères Raphaël, Romain, Romuald.
Nos voisins nous exploitent ; on refuse de rétribuer le Fr. romain qui fait classe aux petits bleus sous prétexte que ses services sont compensés par ceux du Père Combrichon.
2 décembre : Lettre : « Faites disparaître cuisinier »
11 décembre : Nous vivons dans l’angoisse au sujet de Tharsis. Lettre alarmante de Matzenheim : les frères de Zelsheim à Schirmeck.
13 décembre : Le frère Tharsis nous quitte en pleurant.
29 décembre : Lettre du Fr. Bernard entre Besançon et Lyon, en route avec ses frères pour l’exil.
 
1941
 
Début janvier :  Plusieurs de nos élèves sont empêchés de revenir à cause des masses de neige.
7 janvier : La famille est au complet.
22 janvier : Arrivée du frère Séraphin du chantier de Jeunesse.
3 février : Les charges de neige et de glace ont rompu les fils électriques. Pas de lumière ni de téléphone. Des bougies jusqu’au 12. Le Frère Romain attrape des lapins au collet, il est surpris par le propriétaire de la chasse quand il a pris le 96e.
20 février : Le soir à 5h. Le Fr Directeur Félix arrive à Combreux et y reste jusqu’au 25.
Nos voisins nous exploitent de plus en plus.
Au mois d’avril, le Fr. Félix nous envoie 2 lettres dans lesquelles il nous fait des propositions pour régler le différend avec nos voisins, propositions qui nous semblent très dures.
9 mai : Confirmation : nous constatons qu’à l’évêché de Meaux on ignore notre existence.
14 mai : Le frère Paul nous envoie un pressent appel de SOS (son frère Paulin lui fait des soucis) auquel nous ne pouvons répondre que par des consolations. Il demande avec insistance un de nos frères.
Le frère Séraphin, depuis quelque temps en consultation chez le Dr. Lambert pour un abcès sur la poitrine qui, plus tard à Triel, se révélera comme symptôme de tuberculose (inquiétude).
9 juin : On nous offre un beau château (de Vignoles) 2 millions. Où prendre cet argent ?
En juin la malveillance de nos voisins se révèle de façon révoltante : on nous coupe l’eau sans nous prévenir. Nos légumes sont en danger ! On nous trouve tous les jours d’autres chicanes ; la situation devient intolérable. Nous sommes de trop ici.
26 juin : Il semble se présenter une solution à cette situation : on nous sollicite à Triel s/Seine où une communauté de chanoinesses de St Augustin (Notre Dame de Strasbourg) avait fondé une école mixte. L’évêché de Versailles leur ayant interdit de recevoir les garçons, elles cherchent à nous les octroyer par l’intermédiaire de M. le Curé Marquer.
29 juin : Le Fr. Jean-Baptiste a une hémorragie ; le Dr. Palet constate : tuberculose pulmonaire et bacillaire.
A partir du 10 juillet nous préparons notre transfert à Triel. Ici, nous ne pouvons rester.
21 juillet : M. le Curé de Triel est ici pour discuter l’éventualité du transfert.
27 juillet : A l’occasion de la distribution des prix à St Vincent, Monsieur Auboire, dans son discours, remercie tous ceux qui ont rendu des services, même le portier. Il n’ignore personne sauf notre Fr. Romain qui a fait classe toute l’année.
30 juillet : M. le Curé Marquer était ici, il rencontre des difficultés inimaginables.
5 août : Vœux perpétuels des Fr. Raphaël et Romuald.
14 août : Le frère Fulrade avertit les voisins de notre départ. Ils en sont surpris !! après nous avoir rendu la vie impossible.
A partir de ce moment, nous organisons avec ardeur notre déménagement.
9 septembre : 1er transport pour Triel avec les frères Fulrade, Evariste, Honoré, Jean. Fr. Fulrade repart à Tournan le soir.
Nous arrangeons la maison à Triel-Cheverchemont. Il y a pendant les mois de septembre et octobre 18 transports de camion de 5T.