Les origines de la Congrégation des Frères de Matzenheim

Le succès des Sœurs la Divine Providence de Ribeauvillé encourage l’abbé Ignace Aloïse Mertian, 3e Supérieur des Sœurs de cette Congrégation, à créer une communauté de Frères pour l’ éducation chrétienne des garçons.

Il se trouve que son frère Bruno (2e Supérieur des Soeurs de Ribeauvillé) lui laisse à sa mort un petit héritage qui va lui permettre avec Dom Fréchard, bénédictin chassé de son monastère de Senones par la révolution française et depuis curé réfractaire de Colroy, de réaliser son projet. En effet ce dernier avait commencé dès 1817 la formation chrétienne de jeunes instituteurs. Mais le manque de moyens face au nombre croissant  de candidats l'amène à s'adresser à I.A. Mertian. Celui-ci lui propose de lui confier ses élèves. C’est ainsi que 5 élèves de Dom Fréchard constituent le noyau de la future Congrégation des Frères de la Doctrine Chrétienne du Diocèse de Strasbourg.

I.A. Mertian se préoccupe alors de l’organisation de cette communauté et écrit les Statuts qu’il soumet à l’approbation de l’évêque de Strasbourg, Prince de Croy Celui-ci, après examen, les envoie au gouvernement de Louis XVIII à Paris afin d’obtenir pour la Communauté un décret lui reconnaissant le titre d’ « Etablissement d’utilité publique ».

Tout en attendant ce décret, I.A. Mertian revêt les Frères d’un habit religieux distinctif. La prise d’habit donne lieu en août 1821 à une fête à laquelle Mertian invite Dom Fréchard. En effet, des 6 novices, 4 sont d’anciens élèves du Curé de Colroy. L’approbation sous forme d’ordonnance royale du « Conseil d’Instruction Publique » tombe le 5 décembre 1821 créant ainsi l’ « Association des Frères de la Doctrine Chrétienne du Diocèse de Strasbourg » reconnue d’utilité publique.

Dom Fréchard fonde peu après les «  Frères de la Doctrine Chrétienne du diocèse de Nancy » agréée par une ordonnance du 22 juillet 1822.

Les Frères trouvent d’abord une résidence à Erstein puis s’installent à Ribeauvillé. I.A. Mertian voit avec plaisir ces Frères enseigner dans plusieurs communes, entre autres à St Hyppolite, Ammerschwihr, Erstein.

 

Cependant la charge des deux institutions apparaît bientôt trop lourde à I.A. Mertian. Il voit avec intérêt se développer les « Frères de la Société de Marie » et essaie de s’entendre avec leur Supérieur, l'abbé Louis Rothéa, afin que les Frères de la Doctrine Chrétienne aient un support logistique. Les démarches n’aboutissent pas tout de suite pour des raisons de bilinguisme et du caractère propre à l’Alsace. Et lorsque quelques années plus tard, en 1826, Mertian cède aux Frères de la Société de Marie le bâtiment de St Hyppolite qu’il avait acquis pour les Frères de la Doctrine Chrétienne et laisse finalement ses Frères intégrer la Société de Marie, ou encore reprendre la vie laïque, certains retournent à la vie civile comme instituteurs ou deviennent prêtres. C’est la fin de la Communauté des Frères de la Doctrine Chrétienne du Diocèse de Strasbourg.

 

Mais la Congrégation va renaître plus tard grâce à l’ordonnance royale du 5 décembre 1821 - jamais annulée- et surtout grâce à un autre membre de la famille Mertian : J.J. Eugène Mertian, né le 9 février 1823 à EHL.

Pierre Bintz
Extraits librement traduits et résumés du livre de l’abbé Fr. X. Martz :
« Ehrendomherr J.J. Eugen Mertian (1823-1890) »
Ein Beitrag zur elsässischen Schul-und Erziehungsgeschischte des 19. Jahrhunderts von Fr.X. MARTZ.
Strasbourg, Société d’Edition de la Basse-Alsace („Der Elsässer »). 1926