Emménagement de la chapelle du collège

L’année 1903 a vu disparaître de nos milieux un homme simple, bon, un vrai homme de bien, prédicateur en paroles eten actions, qui n’avait de plus grand désir que d’étendre le règne de Jésus. Il s’occupa beaucoup du bien de notre Congrégation, mais on ne savait pas l'apprécier. Il voulait. le bien de notre Société et ne cherchait qu’à lui procurer les moyens de s’étendre. Cet homme c’était Mr. l’abbé Kelhetter, chanoine de Strasbourg, Chevalier du St. Sépulcre et Missionnaire apostolique. Mr. le Sup. Mertian notre R.P. Supérieur. reculait toujours devant le grand travail qui consistait à mettre la chapelle en état de pouvoir servir pour les offices du culte. Et pourtant il n’y avait rien de plus nécessaire. Les élèves allaient se multiplier on ne pouvait en douter. Et il fallait de la place pour les recevoir. En tout premier lieu il fallait emménager la chapelle dont les murailles nues étaient là.Mais le pauvre Supérieur n’avait pas d’argent. Alors Mr. Kelhetter se mit de la partie. Il fit imprimer des images pour quêter et la veille de la première communion.

 

Nouvelle page

Il en parla aux premiers communiants de la nouvelle chapelle. Il leur apprit à bien demander ou bien mendier.
Les travaux commencèrent aussitôt après la première communion et furent poussés très rapidement et étaient avancés pour que la bénédiction pût être fixée au 10 août 1876. Ce fut, un beau jour pour l’Institut et la Congrégation. Les Frères étaient invités à venir y prendre part et tous ceux qui pouvaient s’absenter de leur poste répondirent à l’invitation; un grand nombre de prêtres prit aussi part: à cette fête. dont je ne nommerai que ceux qui remplirent une fonction pendant la cérémonie. La chapelle avait été transformée en un grand jardin de lauriers, de grenadiers tout en fleurs.Le maitre-autel était à lui tout seul un grand massif de fleurs et delumière. Le R.F.Supérieur comme délégué fit les prières de la bénédiction, Mr Dyhlin, le parrain de la chapelle chanta la grand’messe, Mr. Kelhetter tint la chaire, rehaussa, les mérites de ceux qui avaient contribué avec leurs bourses à la beauté de la maison du Seigneur et les engagea comme un mendiant insatiable à donner encore et toujours. Mr. Edmond Mertian l’homme de la liturgie était le maître des cérémonies. Lorsque les prières de la bénédiction furent achevées on forma la procession. Les Frères, chacun un cierge allumée à la main droite précédaient les prêtres revêtus de la chape, des dalmatiques, de la chasuble, d’aubes et de surplis. La croix entre deux cierges précédant la procession on alla chercher le Saint-Sacrement qui, pendant ces deux jours avait été conservé dans la première chambre de Mr. Dyhlin.
Après on chanta une grand’messe solennelle que les chantres du Fr. Amand enlevèrent avec un magnifique entrain. Bien des yeux étaient humides de larmes de joie pendant cette imposante cérémonie. Plus d’un vétéran de la société pleurait à chaudes larmes. Bien des choses restaient encore à faire à la chapelle: le R.P. Supérieur s’entendit avec le peintre Huss de Bernardswiller pour lui faire reproduire en peinture la vie de St. Joseph tout le long de la nef sous la voûte et à la voûte du chœur la dispersion des apôtres et à la tribune quelques saints d’Alsace. Mr Huss se mit au travail avec ardeur et son travail se trouva achevé à l’époque où mourut Mgr. Raess, 17 nov. 1887. Ce jour-là on enleva l’échafaudage des chœurs pour avoir de la place pour le catafalque qui devait servir pendant la messe solennelle de Requiem. Malheureusement ce travail coûta la vie d’un homme. La peinture d’ornementation avait été confiée au doreur Mr. Mertz de Strasbourg. Celui-ci avait à sa disposition un excellent peintre avec ses ouvriers, nommé Schlegel. C’était un jeune homme d’une grande piété, très estimé de Mr. le curé et des Frères de Fréland où il avait restauré l’église. Le matin tout le monde avait été frappé de la piété toute ingénue avec laquelle ce jour-là surtout il avait assisté au St. Sacrifice. Après une heure de l’après-midi, on se mit à placer encore l’échafaudage roulant sur lequel devait se tenir le peintre. Le cher Fr. Fridolin notre serrurier était de la partie. Tout à coup un cri effrayant: un homme est tombé! C’était le pauvre Schlegel qui était tombé sur le premier siège, dont une pièce d’à peu près deux mètres s’amincissant vers le haut était enfoncé. L’ouvrier fut ramassé sans connaissance, chacun de nos prêtres à la maison; heureusement le bon Dieu nous avait envoyé Mr. Moyses, curé d’Osthouse. Il donna l’absolution in extremis au malheureux dont la dernière parole avait été aux chers enfants! Le surlendemain le malheureux fut enterré au cimetière de Matzenheim au milieu d’une grande affluence. Bien des yeux se mouillèrent à la vue de la pauvre veuve et les pauvres orphelins plongés dans la douleur.
 

Extrait des mémoires de Fr. Cassien Schmidlin (1848-1928)