Pierre Zimmermann (1975-1979)

Né à Strasbourg en 1964. Brevet de maîtrise en pâtisserie-confi­seur-glacier en 1984. En 1987, brevet de maîtrise de boulanger. 1996, victoire à la coupe du monde de boulangerie. 2003, il rejoint les étoiles d’Alsace. Bretzel d’or en 2004.
Fils et petit-fils de boulanger, il est installé dans l’im­passe du Boulanger dans le pittoresque village de Schnersheim. «Toute mon enfance, j’ai vécu au rythme de la cuisson du pain, des bredle, des roses en masse­pain et autres pâtisseries vendues dans la petite bou­langerie familiale» se sou­vient Pierre Zimmemann avec nostalgie. « Force est de constater qu’au. fournil, avec mon père et mon grand-père, je me sen­tais à l’aise». Elève brillant au Collège de Matzenheim, il choisit ainsi, contre l’avis de ses professeurs, d’intégrer la filière d’apprentissage. «A, l’époque, un cursus court était synonyme d’échec sco­laire! Mes professeurs pen­saient que c’était du gâchis de me faire entrer en apprentissage!» Avec téna­cité et en toute liberté, il quitte alors son Kochersberg natal, pour la capitale régio­nale. «Très vite, j’ai appris à aimer le sucre et à explorer les nombreuses possibilités créatives offertes par cette matière première: simpIement extraite de la betterave à sucre!» . D’examens en concours, Pierre poursuit et réussit brillamment examens asseyant ainsi une notoriété qui, en 1996, culmine avec le titre de champion du monde de boulangerie avec deux confrères de l’équipe de France de boulangerie. «  La coupe du monde a été pour moi, un véritable sésame, une carte de visite qui me permet d’être écouté et respecté ici et ailleurs ». parallèlement s’engage pour notre boulanger une carrière internationale auprès de centres de formation et d’instituts dans le monde entier. S’il est aujourd’hui heureux de partager ses expériences de Miami à la république Tchèque en passant par Chicago, la Jordanie, la Russie ou encore le Danemark, Pierre Zimmermann n’en oublie pas ceux qui ont su lui inculquer ce virus de la            transmission. «C’est Joseph Dorffer qui m’a emporté dans ses valises et m’a donné le goût des démonstrations et du par­tage de mon savoir, et de mon savoir-faire. La pre­mière fois qu’il m’a croisé, il m’a provoqué en me disant que je travaillais comme un pâtissier, ce qui est presque une injure pour un boulan­ger!» Les talents d’organisa­teur et sa manière de trans­mettre la passion du Meilleur ouvrier de France de Bischwiller ont conta­miné. le jeune Pierre, qui, au fil des années et des rencon­tres, s’est constitué un vérita­ble réseau international.
Mais loin de se préoccuper de sa seule carrière — ce qu’il ne fait d’ailleurs pas un instant ! - le maître boulanger de Schnersheim ne néglige pas ses racines, dans tous les sens du terme... Par respect pour ceux qui lui ont trans­mis son propre savoir, mais aussi, «car j’espère bien moi aussi pouvoir acheter du bon pain le jour où je serai à la retraite!» confie-t-il avec humour, il encourage ses confrères et ses proches collaborateurs de l’entreprise familiale à toujours poursui­vre la quête de l’excellence. C’est aussi pour cette raison qu’il a accepté de coacher l’équipe de France de bou­langerie avant la Coupe du monde qui se déroulera à Paris fin mars.
Réaliste, notre homme sait que cette énergie ne l’ac­compagnera peut-être pas toute sa vie durant, «et je n’ai pas l’intention de me cramponner à des postes et à des responsabilités. En toute chose, il est essentiel de partager l’énergie de la passion
 
«Mais l’opération dont je suis le plus fier est sans doute celle que nous menons au sein de l’UBAC (Union des boulan­gers artisans créateurs) pour la fête des mères. ‘Un coeur pour maman, un coeur pour les enfants’ est une action qui permet de collecter des fonds pour l’association - Autisme Alsace».. Dans cette démarche humaine et humanitaire, les boulangers perpétuent en quelque sorte ce rôle social qu’ils véhicu­lent aussi, au-delà de leur seul gagne-pain. «Le bou­langer, ou à plus forte raison la boulangère, est souvent la seule personne avec qui des personnes âgées et isolées ont un contact dans nos vil­lages. On donne plus qu’une baguette de pain!»
Pierre Zimmermann mesure le prix de son engagement et en assume toutes les facettes. «Je suis convaincu que la proximité aux autres est importante, et que c’est elle qui en fait ouvre des portes! Poussés par leur gourman­dise, nos clients viennent au fond de notre impasse pour les bonnes choses qu’ils y trouvent,’ mais aussi pour l’accueil qui leur est réservé. Il est évident que souvent, j’ai donné plus que de nécessaire, mais je n’ai jamais été déçu en retour. Je pense qu’il n’est pas utile de faire du zèle, mais d’être humain, tout simplement. Je fais un travail honnête, qui me permet chaque matin de me regarder dans une glace avec la fierté du travail bien fait!»...
Christine Nonnenmacher, L'Ami Hebdo du 17 février 2008